Huitième jour : Les Dieux se reposent.....
A Saint Tropez.
Ca fait partie de l'ambian... ce,
De Saint Tropez...
Air connu, et Twist again.
Oui mais avant cette petite virée dans la cité balnéaire la plus célèbre de la côte d'azur pour la quantité de "m'as-tu-vu dans mon bermuda Hermès" au mètre carré, figurez vous que la Shadow, cette brave mémère qui nous a gentiment traînés sur son dos sans encombre pendant tout ce voyage, attend d'être dans la cour de la résidence, à l'arrêt, pour s'avachir sur le côté droit. Allez savoir ce qui lui a pris. En tout cas, toujours soucieux de la préserver des rayures et autres blessures que sa superbe ligne aux formes avantageuses supporterait mal, toujours est-il, disais-je, que j'ai cherché à amortir sa chute et que mon poignet droit en a souffert. Enfin, remise verticalement sur ses roues, elle a consenti à se reposer un peu mieux sur sa béquille latérale. Et maintenant nous sommes ensembles à Saint Tropez, au milieu des Harley Davidson of a "beach". Comme ne l'a pas écrit Serge Gainsbourg.
Quatrième jour : Corte / Calvi
Y’a d’ la Honda dans l’air.
Ouh là là, la Restonica ! On
a commencé par çà et c’est du genre étroit qui ne pardonne pas trop les faux
pas. Des virages en veux-tu en voilà, des pentes raides et partout des arbres
droits comme des mâts. C’est beau avec toutes ces Honda. Nous suivons quatre
Goldwin rutilantes qui nous ouvrent la route.
Patricia, clic, photo. Après on tombe dans une petite arnaque. Si tu veux continuer jusqu'au bout de la route, il faut payer, sinon, tu fais demi tour. Ben oui. Nous on trouve que ce que l'on a vu jusque là suffit largement. Et puis, la journée risque d'être longue. Et d'abord la descente qui va nous ramener à Corte. C'est bien plus beau, sous le soleil. La suite... que du bonheur (et pardon si ça vous rappelle quelque chose, cette petite expression anodine).
Troisième jour : Patrimonio / Corte
Corte, ville d'eau.
7H30. Le vent est tombé. Petit
déjeuner derrière les baies vitrées. La journée s’annonce bien, même si les
nuages semblent encore s’attarder sur l’arrière des terres. C’est justement par
là que nous allons.
Ah oui, je ne vous l’avais pas
dit, mais nous avons décidé, hier au soir, qu’aujourd’hui, après une traversée
du désert (des Agriates, rassurez-vous), nous nous rendions à Corte.
Ah ! Vous aviez regardé la
carte ! Juste avant ! Bon d’accord.
11H58. Nous arrivons à Corte, sur
la place centrale. Beaucoup de monde et difficile de laisser les motos sans
surveillance. Les filles téléphonent et nous trouvent deux chambres d’hôtes à
Pietro de Ferenco, sept kilomètres au sud de la Ville. Le temps d’y aller, de
poser les bagages, d’en revenir, il est 13H30 quand nous nous asseyons à une
table de l’auberge U’ Muséù, l’estomac dans les talons.
Truites à l’ail et au vinaigre,
gâteaux aux châtaignes, ça va mieux.
Nous sommes installés sous
d’immenses tonnelles circulaires en fer forgé couverte d’une toile rouge
tendue. Les trois ou quatre terrasses du restaurant s’étagent au pied de la
citadelle qui abrite un musée.
Trois gouttes, dix gouttes, des
milliards de gouttes, et ce sont des rideaux d’eau qui s’abattent sur la ville.
L’expression pleuvoir des cordes prend alors tout son sens visuel. Le problème
c’est que la plaisanterie qui a commencé à 15H30 va durer jusqu’au soir. Après
avoir contemplé un moment le spectacle amusant des touristes surpris par la
tourmente qui arrivent dégoulinant il nous faut bien nous rendre à l’évidence,
si nous ne voulons pas moisir là… Alors, résignés, nous enfilons nos vestes de
pluie et nos casques et nous voilà partis à remonter le torrent des marches qui
nous conduisent à l’entrée du musée. Mouillés pour mouillés, et comme nous ne
sommes pas des poules mouillées, Martine et moi nous continuons même jusqu’au
sommet de la citadelle d’où nous pouvons contempler la pluie qui tombe dru sur
la ville. Oui, mais, nous y étions !
Après avoir parcouru les salles,
lu les commentaires, vu les vidéos, attendu la fermeture en rêvant que cesse le
déluge, nous avons finalement, contre vents et marées, pris le chemin du retour
au bercail. Dans ce genre de sport, la Shadow n’est pas l’engin idéal. C’est
donc avec nos pantalons détrempés et nos chaussures pleines d’eau que nous
sommes arrivés au gîte. Christian et Patricia, mieux équipés et mieux protégés
sur la Yamaha, s’en sont mieux tirés. Les motos rangées à l’abri dans un
garage, la meilleure solution qui s’imposait pour oublier la pluie, c’était de
prendre une douche. Après ça, les radiateurs des salles de bain se couvrirent
de pantalons et de chaussures.
20H, l’heure du repas. Un petit
bout de drap bleu entre deux couvertures nuageuses nous donne un soupçon
d’espoir pour demain, confirmé par la météo nationale. Salle à manger, nous
retrouvons un autre convive, motard lui aussi, originaire de Barcelone, qui
parle bien français. Le patron s’appelle jacky. Il a fait un feu de cheminée,
histoire de nous redonner le moral. Ce soir, La France rencontre l’Italie dans
le cadre de la coupe d’Europe. Ah ! Ah ! Ah !
Le repas est sympathique, la
France perd 2 à 0 contre des italiens peu convaincants. La literie est neuve et
accueillante, la chambre spacieuse, tout va bien. Ah, j’ai oublié de vous parler de
Corte et du voyage du jour. Regardez plutôt l’album car je vais manquer de
vocabulaire original. C’est beau, c’est sauvage, c’est
surprenant, c’est plein de tournants, les gens sont accueillants…, vous êtes en
Corse quoi.
Deuxième jour : Bastia / Patrimonio
Lundi 16 juin, 7 heures du matin, Bastia.
La nuit a été bonne et la mer calme, ou l’inverse. La sortie du bateau est plus facile sur un sol sec. Nous retrouvons Jean-Philippe comme convenu sur la place Saint Nicolas. Le temps d’avaler un petit café et quelques croissants, nous mettons le cap sur Le Cap, direction Saint Florent, enfin, un peu avant, Patrimonio très exactement, oui mais, pas directement.
Il est dix heures déjà… seulement… ça dépend du temps que l’on prend.
De marina en punta, de punta en capo, nous longeons la mer, franchissons des cols, pour nous laisser glisser vers des golfes splendides. Au bout du bout c’est Barcaggio, son port, et plus au nord, l’île de Giraglia. En revenant vers le sud, le moulin Matteï et l’imposant parc d’éoliennes.
Il est 13 heures à Centuri. Nous garons les motos au bord de la terrasse d’un restaurant : La jetée. On nous l’a conseillé. Le patron, très accueillant, raconte à ses clients, entre deux plats, des histoires de Génois, de blé qu’il fallait transporter, de moulins à huile, de pêches miraculeuses, de sable rouge et de corail. Son poulpe est tendre et frais et la tête de l’espadon qu’il sort de son congélateur est impressionnante par sa taille. Le rosé est frappé, le café juste assez fort, nous repartons repus.
A la marine d’Albo, Patricia trempe un orteil dans la grande bleue salée et… fraîche. Enfin, de virage en virage, nous atteignons Patrimonio où le gîte-auberge Lustinconne nous attend. Il est 19 heures et nous avons parcouru 143 kilomètres.
C’est une belle maison posée au sommet d’une colline à l’écart du village ? Dans ce site sauvage, le sirocco qui s’est levé est impressionnant et les nuages qu’il charrie défile à une vitesse folle. Repas sympathique, ambiance familiale agréable, les chambres sont jolies et donnent sur un petite piscine qui ne nous fait pas envie tant le ciel est menaçant. Les motos dorment à l’abri.
Allez, Bonne nuit !
Corsica féria
Raconter la Corse en moto, c’est parler de l’air du temps, du bruit du vent, des routes étroites et des tournants. Et c’est aussi la mer, évidemment, la mer à chaque instant, qui brûle au loin dans un couchant, qui souffle sur les brisants, qui s’enroule et se reprend, jour après jour creuse ou s’étend, attaque ou se rend. Car, le saviez-vous, la Corse est une île qui n’aime pas qu’on parle d’elle, et qui souffre pour être belle. Il y a le maquis, les odeurs, des couleurs. Il y a un lézard vert qui se brûle les pattes en traversant, un bourdon égaré qui se tue sur mon casque en volant. Et toujours des virages, et même un jour, un orage. Et sur la route des chèvres ou des cochons, des ânes et des moutons ; parfois une vache, un veau. Car la route aussi fait partie du voyage. En Corse, même la route est paysage.
Mais la Corse, aujourd’hui, c’est d’abord une histoire de bateau, de continent, de contenant, d’objet flottant identifié transportant du fret, transportant des gens. La Corse, c’est une histoire d’embarquement. Colonne P7, que des motards. Il pleut un peu sur Toulon et le Var. Le gros ventre jaune de la Corsica Ferries ouvre sa gueule glissante. Petit moment d’angoisse : ne pas tomber en franchissant la rampe.