Troisième jour : Patrimonio / Corte
Corte, ville d'eau.
7H30. Le vent est tombé. Petit
déjeuner derrière les baies vitrées. La journée s’annonce bien, même si les
nuages semblent encore s’attarder sur l’arrière des terres. C’est justement par
là que nous allons.
Ah oui, je ne vous l’avais pas
dit, mais nous avons décidé, hier au soir, qu’aujourd’hui, après une traversée
du désert (des Agriates, rassurez-vous), nous nous rendions à Corte.
Ah ! Vous aviez regardé la
carte ! Juste avant ! Bon d’accord.
11H58. Nous arrivons à Corte, sur
la place centrale. Beaucoup de monde et difficile de laisser les motos sans
surveillance. Les filles téléphonent et nous trouvent deux chambres d’hôtes à
Pietro de Ferenco, sept kilomètres au sud de la Ville. Le temps d’y aller, de
poser les bagages, d’en revenir, il est 13H30 quand nous nous asseyons à une
table de l’auberge U’ Muséù, l’estomac dans les talons.
Truites à l’ail et au vinaigre,
gâteaux aux châtaignes, ça va mieux.
Nous sommes installés sous
d’immenses tonnelles circulaires en fer forgé couverte d’une toile rouge
tendue. Les trois ou quatre terrasses du restaurant s’étagent au pied de la
citadelle qui abrite un musée.
Trois gouttes, dix gouttes, des
milliards de gouttes, et ce sont des rideaux d’eau qui s’abattent sur la ville.
L’expression pleuvoir des cordes prend alors tout son sens visuel. Le problème
c’est que la plaisanterie qui a commencé à 15H30 va durer jusqu’au soir. Après
avoir contemplé un moment le spectacle amusant des touristes surpris par la
tourmente qui arrivent dégoulinant il nous faut bien nous rendre à l’évidence,
si nous ne voulons pas moisir là… Alors, résignés, nous enfilons nos vestes de
pluie et nos casques et nous voilà partis à remonter le torrent des marches qui
nous conduisent à l’entrée du musée. Mouillés pour mouillés, et comme nous ne
sommes pas des poules mouillées, Martine et moi nous continuons même jusqu’au
sommet de la citadelle d’où nous pouvons contempler la pluie qui tombe dru sur
la ville. Oui, mais, nous y étions !
Après avoir parcouru les salles,
lu les commentaires, vu les vidéos, attendu la fermeture en rêvant que cesse le
déluge, nous avons finalement, contre vents et marées, pris le chemin du retour
au bercail. Dans ce genre de sport, la Shadow n’est pas l’engin idéal. C’est
donc avec nos pantalons détrempés et nos chaussures pleines d’eau que nous
sommes arrivés au gîte. Christian et Patricia, mieux équipés et mieux protégés
sur la Yamaha, s’en sont mieux tirés. Les motos rangées à l’abri dans un
garage, la meilleure solution qui s’imposait pour oublier la pluie, c’était de
prendre une douche. Après ça, les radiateurs des salles de bain se couvrirent
de pantalons et de chaussures.
20H, l’heure du repas. Un petit
bout de drap bleu entre deux couvertures nuageuses nous donne un soupçon
d’espoir pour demain, confirmé par la météo nationale. Salle à manger, nous
retrouvons un autre convive, motard lui aussi, originaire de Barcelone, qui
parle bien français. Le patron s’appelle jacky. Il a fait un feu de cheminée,
histoire de nous redonner le moral. Ce soir, La France rencontre l’Italie dans
le cadre de la coupe d’Europe. Ah ! Ah ! Ah !
Le repas est sympathique, la
France perd 2 à 0 contre des italiens peu convaincants. La literie est neuve et
accueillante, la chambre spacieuse, tout va bien. Ah, j’ai oublié de vous parler de
Corte et du voyage du jour. Regardez plutôt l’album car je vais manquer de
vocabulaire original. C’est beau, c’est sauvage, c’est
surprenant, c’est plein de tournants, les gens sont accueillants…, vous êtes en
Corse quoi.